
Logement
Une autre politique du Logement à Nice

Situation actuelle
La SITUATION ACTUELLE DES NIÇOIS en matière de logement est caractérisée par :
· Une offre très largement insuffisante : les résidences principales ne représentent que 72,7 % des logements à Nice (82,2 % au niveau national) ; les offres d’annonces de meublés touristiques sont 7 à 10 fois plus nombreuses que les offres de logements permanents ; entre ces meublés et les hôtels, 48 % des lits de notre ville sont des lits touristiques ; le logement social représente 14,2 %, pour une obligation à 25 %. Une population croissante est exclue du logement.
· Des coûts prohibitifs : Nice est la deuxième ville de plus de 100 000 habitants où les loyers sont les plus chers. Même pour les logements sociaux, le prix moyen au m² est supérieur à celui de tous les départements hors Ile-de-France. Quant à l’accession à la propriété, elle est interdite à une grande partie de la population.
· Des conditions de logement souvent dégradées : une part importante des logements sont petits et suroccupés, 2,8 pièces en moyenne pour 4 au niveau national. Les situations de non-décence du logement se sont développées. La mixité sociale est inexistante.
Les politiques d'Estrosi et des droites niçoises
LES POLITIQUES D’ESTROSI ET DES DROITES NIÇOISES ont généré cette situation, avec :
· Un arbitrage en faveur des spéculateurs et des plus favorisés (programmes haut-de-gamme, bureaux, hôtels, etc.), avec une politique d’attractivité inconditionnelle qui augmente la pression et les prix du foncier.
· Un autre arbitrage en faveur des lits touristiques, avec une politique active de la municipalité en faveur des acteurs du type Airbnb, à l’opposé de sa communication mensongère sur le sujet.
· Une offensive permanente contre le logement social, au point de voir infliger une amende de 7,23 M€ à la ville en 2024 pour non-respect de la loi. Cette pénalité a été majorée à près de 10 M€ pour la ville et au total à 16 M€ pour la métropole.
Notre approche
NOTRE APPROCHE vise à répondre aux besoins des Niçois pour qu’ils puissent habiter leur ville en disposant d’un logement décent et abordable, avec :
• En arrière-plan, un projet économique qui tourne le dos au surtourisme et favorise un rééquilibrage progressif vers d’autres activités économiques riches en emplois.
• Une politique de la ville et de l’aménagement de l’espace faisant la part belle au logement et à la mixité sociale, dans le cadre des impératifs environnementaux qui imposent de réorienter l’usage du bâti, plus que de poursuivre la construction et la densification des espaces lorsqu’elle renforce l’imperméabilisation.
• Un projet municipal basée sur une politique dissuasive pour les spéculateurs : le bâti doit servir en priorité à loger les habitants. Cette politique de l’aménagement du territoire urbain et du logement sera structurée dans un Plan Local de l’Urbanisme élaboré en début de mandat avec l’ensemble des acteurs du logement. Il s’appuiera sur cinq axes concrets :
1. Accroître l’offre de logements avec une politique de réaffectation d’usage visant à augmenter la part du logement dans l’immobilier (au détriment de l’hôtellerie, des bureaux et des autres usages) et la part de la résidence principale au sein du logement.
2. Développer le logement social, en répartissant dans les différents quartiers les catégories de logement social auxquelles 70 % des Niçois peuvent prétendre. À l’issue de la mise en œuvre du PLU, notre ville devra compter 25 % de logements sociaux.
3. Contenir les loyers avec un dispositif d’encadrement des loyers.
4. Répondre aux besoins spécifiques : étudiants, saisonniers, sans-abris et exilés.
5. Améliorer la qualité et nature de l’habitat.
En synthèse ...
UNE AUTRE POLITIQUE DU LOGEMENT À NICE
I. LA SITUATION ACTUELLE DES NIÇOIS
En matière de logement, les Niçois sont confrontés à trois problèmes majeurs : une offre très largement insuffisante, des coûts prohibitifs et des conditions de logement souvent dégradées.
Premier problème pour les Niçois, une offre de logements très largement insuffisante.
Cette insuffisance est criante.
Alors que notre département est caractérisé par un littoral densément peuplé regroupant 80 % de sa population, les enjeux du logement dans les Alpes-Maritimes sont particulièrement marqués sur Nice et les communes alentour. Les 350 000 habitants de la ville sont confrontés à une offre notoirement insuffisante au regard de leurs besoins. Tous ceux qui mènent une recherche de logement le constatent et le subissent. La production de logements abordables est très insuffisante, pour les ménages les plus démunis, mais aussi pour toutes les catégories de la population ne faisant pas partie des plus favorisés. Les actifs, comme les retraités ou les étudiants souffrent directement de ce manque de logements disponibles.
Cette insuffisance structurelle n’est pas nouvelle : seulement 13,7 % des logements à Nice ont été construits après 1991, pour 28 % en France. Mais elle s’est encore aggravée ces dernières années. Selon une étude réalisée par le site seloger.com, le volume de locations s’est ainsi effondré de 63,5 % à Nice en trois ans. Quant aux mises en vente de logements neufs, elles ont diminué de 38 % entre 2022 et 2023 dans les Alpes-Maritimes selon l’Observatoire immobilier d’habitat Côte d’Azur. Entre octobre 2023 et septembre 2024, il a encore chuté de 11,6 %.
Cette pénurie est la conséquence du détournement d’une part du parc immobilier pour des usages autres que la résidence principale.
Les logements qui devraient être disponibles pour les Niçois sont détournés pour d’autres besoins. Le marché du logement à Nice est en effet fortement concurrencé par le développement de l’offre touristique.
Ainsi, les logements utilisés à titre de résidences principales ne représentent que 72,7 % de l’ensemble pour 82,2 % au niveau national. Soit dix points de moins ! A contrario, les résidences secondaires et logements occasionnels pèsent 13,6 % pour 9,7 % au niveau national, sachant que 24 % des détenteurs de résidence secondaire à Nice sont des résidents fiscaux étrangers. Quant aux logements vacants, ils sont 13,7 %, pour 8,1 % au niveau national (source Insee).
La situation de l’immobilier à Nice n’a pas toujours été aussi tendue. Ces vingt dernières années, le territoire de la métropole a ainsi connu une hausse de 45 % des résidences secondaires et de 13 % des logements vacants.
L’offre immobilière accessible aux Niçois s’est rétrécie au fur et à mesure du développement du tourisme. En 2019, le département est au deuxième rang après Paris pour le nombre de nuitées touristiques, dont les trois quarts sur Nice. 48 % des lits de notre ville sont des lits touristiques
Le développement des plateformes de type Airbnb a considérablement accentué ce détournement d’usage.
Les Airbnb, Abritel, Booking mais aussi Leboncoin sont à la fête à Nice. Selon un rapport du ministère des finances sur l’impact économique et la réglementation des meublés de tourisme, « Nice se classe au 9e rang européen ». Selon le même site, les Alpes-Maritimes sont, après Paris, le deuxième département le plus fréquenté via les plateformes. Selon une étude commandée par la mairie, cette offre « est en constante progression avec une forte expansion depuis 2020 : 13 692 annonces représentant 5,7 millions de nuitées réservées en 2022 ».
Au global, ce sont 4,5 % des logements privés qui y sont consacrés, au détriment des nombreux ménages confrontés à un marché inaccessible. Plus marquant encore, les offres d’annonces de meublés touristiques sont de 7 à 10 fois supérieures aux offres de logements à louer à l’année.
Comment s’en étonner : à Nice, la rentabilité d’une location de courte durée peut être 1,7 fois plus élevée qu’une location meublée à usage d’habitation principale et 2,6 fois plus qu’une location vide.
La pénurie de logements est entretenue par une faiblesse sans égale du logement social.
La pénurie structurelle de logements n’est en aucun cas compensée par le logement social. Le parc locatif social niçois est structurellement sous-doté au regard des besoins. La cinquième ville de France ne compte que 14,2 % de logements sociaux. Soit, au 1er janvier 2023, 27 608 logements. Parmi les villes de plus de 100 000 habitants soumises à cette loi, Nice est celle qui compte le taux de logements sociaux le plus bas.
Fin 2023, la Métropole comptait 29 326 demandes de logement social actives, dont les trois quarts sur Nice. Elle n’en avait attribué que 1 833 en 2023. Nice est un des territoires les plus tendus en matière d’attribution de logements sociaux. Le taux de tension (nombre de demandes divisé par le nombre d’attributions) est de 16. Les demandes sans réponse placent Nice à la seconde place des agglomérations de France métropolitaine de plus de 30 000 habitants. S’y ajoute une absence de transparence dans les attributions qui choque à juste titre les populations.
Depuis 2013, le parc locatif social n’augmente que de 1,73 % en moyenne par an. Et la situation s’aggrave année après année. Le nombre de logements sociaux financés sur le territoire de la MNCA était de 1 844 en 2018, de 1 190 en 2021. Au point que l’âge moyen du parc est de 37 ans.
L'article 55 de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) pose obligation d’un pourcentage de 25 % de logements sociaux dans les communes comme Nice, obligation qui s'applique au niveau intercommunal lorsqu’un programme local de l'habitat a été approuvé. Pour atteindre ce seuil, il manque plus de 20 000 logements sociaux dans notre ville.
Entre 2020 et 2022, la situation s’est encore dégradée. Nice n’a respecté son objectif qu’à hauteur de 13 %, plus mauvais résultat pour les villes de plus de 100 000 habitants : 1 488 logements sociaux financés sur un objectif de 11 034. Nice n’a pas non plus respecté son objectif qualitatif puisqu’elle n’a pas fait suffisamment de logements très sociaux PLAI (13 % de sa production) et trop de logements peu sociaux PLS (52 %). Il faut en moyenne 45 mois pour obtenir un logement social à Nice.
Des populations spécifiques sont maltraitées.
Ce descriptif de la situation de notre ville en matière de logement ne serait pas complet sans des éléments complémentaires sur trois populations spécifiques.
Les étudiants sont particulièrement mal lotis dans notre ville. Les logements gérés par le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires ne couvrent quant à eux que 50 % des besoins sur Nice alors que chaque étudiant boursier est éligible à un tel logement. Actuellement, le Crous dispose de 3 154 logements à Nice. Conséquence : à Nice, des étudiants sans toit sont contraints de se rabattre sur des auberges de jeunesse, voire des hébergements d’urgence. Les retraités n’ont pas non plus de réponses suffisantes en matière de logement.
Autre population : les personnes sans domicile, qu’elles soient à la rue ou hébergées en structure, par un tiers ou en squat. Leur augmentation est structurelle. Les profils se diversifient, avec une présence accrue de plus de 70 ans et de familles avec enfants. En 2021, le Samu social en comptait 734 à Nice, dont 196 femmes. Ce chiffre est sans doute très sous-estimé. À la fin de la même année, 780 ménages demandeurs d’un logement social étaient sans abri ou en abri précaire.
L’approche libérale partagée par les Estrosistes et des Ciottistes est tellement aberrante qu’elle ne permet pas non plus à ceux qui travaillent à « servir » le surtourisme de se loger. Une partie des entreprises vivant de ce surtourisme, comme celles de la restauration par exemple, rencontrent des difficultés de recrutement parce que leurs recrues potentielles, en premier lieu des saisonniers, savent qu’elles ne pourront pas se loger. Certains habitants sont contraints de s’exiler loin de leur lieu de travail, voire de quitter la ville.
Plus largement, cette approche conduit une grande majorité de Niçois à une impasse en matière de logement puisqu’elle leur interdit de se loger dans des conditions correctes. Tout cela parce qu’avec sa politique, la municipalité de droite a livré la ville aux spéculateurs et aux promoteurs. La spéculation immobilière connaît sa meilleure vie à Nice, devenue un paradis pour ces aigrefins.
Deuxième problème, des coûts prohibitifs.
Les loyers sont exorbitants.
Pour l’occupation des logements, la concurrence entre les résidents permanents et les touristes conduit à des prix immobiliers élevés dans un marché privé qui est de fait inabordable en l’absence de tout dispositif de plafonnement des loyers sur le territoire.
Après Paris, la capitale azuréenne est la deuxième ville de plus de 100 000 habitants où les loyers sont les plus chers. Selon l’observatoire Guy Hocquet transaction et location, le loyer moyen mensuel d’un appartement s’élevait entre janvier et septembre 2024 à 22,20 euros au m², soit une augmentation de 6,6 % par rapport à 2023. Dans le parc privé, les loyers sont tels qu’ils sont inaccessibles pour une grande partie de la population.
Dans le parc locatif social, Nice a un prix moyen au m² supérieur à celui de tous les départements métropolitains hors Ile-de-France. Ainsi, en moyenne dans notre ville, le loyer au m² atteint 6,62 euros en 2022 contre par exemple 6 euros sur la métropole marseillaise.
Certains Niçois sont contraints à des efforts financiers importants pour se maintenir dans leur logement, avec la crainte de ne plus y parvenir demain. De nombreux ménages sont en difficulté de paiement de loyer. Au regard des loyers élevés dans le parc privé, la part de leur revenu que les ménages niçois consacrent à leur loyer est la plus élevée de France, supérieure à Paris.
Une des conséquences est que chaque année à Nice, 14,4 décisions d’expulsions pour 1 000 ménages sont prononcées, contre 11 en moyenne en France. Deux catégories sont particulièrement concernées : les familles monoparentales et les personnes seules.
Le logement constitue la première source de dépense des étudiants. Il pèse plus de la moitié de leur budget. Nice est en effet la sixième ville la plus chère pour les logements étudiants, après la région parisienne. Les résidences étudiantes privées qui comblent ce manque ont un loyer mensuel est de 100 à 200 euros supérieur à celui d’un logement universitaire.
L’accession à la propriété est interdite à une grande partie de la population.
Selon l’étude SeLoger-Les Echos, le prix moyen au m² à Nice au 1er novembre 2024 était de 5 236 euros. Quant au Figaro, il indique que le prix médian au m² en octobre 2024 s’élevait à 6 024 euros. Hors Ile-de France, cela positionne Nice avec Aix-en-Provence en tête des villes de plus de 100 000 habitants dont les coûts de l’immobilier sont les plus élevés. Ces prix continuent à augmenter, alors qu’au niveau national ils sont parfaitement stables depuis un an. À titre d’exemple, le revenu nécessaire pour un emprunt visant à acheter un 80 m2 dans notre ville a été évalué à 118 000 euros.
Conséquence directe : notre ville ne compte que 47,6 % de propriétaires pour 57,5 % au niveau national (source Insee). Compte tenu des prix, l’accès au parc privé et l’accession à la propriété sont de plus en plus interdits à une partie de la population.
Troisième problème, les mauvaises conditions de logement.
Une part importante des logements sont petits et suroccupés.
À Nice, dans le privé, le parc immobilier est en grande partie composé de petits logements. Plus de 40 % sont des T1 ou T2, pour 29 % à Marseille par exemple. Seuls 23,3 % sont des logements de plus de 4 pièces, pour 60 % du parc en France. Dans notre ville, le nombre moyen de pièces des résidences principales est de 2,8 alors que ce chiffre est de 4,0 au niveau national (source : Insee).
Cela conduit de nombreux ménages à habiter un logement en situation de suroccupation manifeste. Le taux de résidences principales suroccupées est à Nice de 14,3 %, pour 4,7 % au niveau national, soit 3 fois plus (source Insee). Avec toutes les conséquences de cette situation sur la qualité de vie mais aussi sur la santé.
La qualité d’une partie de l’habitat est dégradée.
Au fur et à mesure que le parc immobilier niçois vieillissait, les situations de non-décence du logement et d’habitat indigne se sont développées : taudis, moisissures, fissures, passoires thermiques. Avec les risques pour la sécurité des habitants, soit sur le plan de la santé, soit sur le plan de la sécurité physique : saturnisme, infections respiratoires, effondrement, locaux impropres à l'habitation, etc. Il arrive qu’au sein d’un même immeuble dégradé, des logements Airbnb achetés à bas prix et refaits pour la mise en location coexistent avec des logements exploités par des marchands de sommeil. Selon une enquête gouvernementale, les Alpes-Maritimes font partie des 6 départements qui sont « territoires les plus exposés aux situations d’habitat indigne ».
Cette dégradation de l’habitat concerne en premier lieu les locataires de propriétaires indélicats, de marchands de sommeil. Mais aussi les locataires dans des copropriétés en déroute : des immeubles où le syndic est défaillant, où les copropriétaires sont en conflit, ne paient plus leurs charges ou n'ont pas les moyens de procéder aux travaux d'urgence. À Nice, dernier chiffre disponible, 432 signalements de « Lutte contre l’Habitat Indigne » ont été décomptés en 2021. Le constat est que ces signalements donnent rarement lieu à des interventions concrètes.
L’état d’une partie des logements sociaux est catastrophique, de nombreux travaux d’entretien n’étant pas réalisés par Côte d‘Azur Habitat. C’est en particulier le cas aux Liserons, aux Moulins ou à l’Ariane où une partie de la population vit dans des conditions indignes.
Quant au parc des logements universitaires à Nice, il rencontre de multiples dysfonctionnements. Les résidents du Crous de la Madeleine ont par exemple dû subir des coupures de chauffage et l’absence d’eau chaude pendant un mois et demi l’hiver dernier.
Cet état dégradé du parc immobilier Niçois a notamment pour conséquence que de nombreux logements ne sont pas « énergétiquement décents », avec des diagnostics de performance énergétique de E à G qui ont deux conséquences : une déperdition et des coûts de l’énergie préjudiciables aux habitants d’une part ; un retrait à terme de ces logements du parc locatif qui renforcera l’assèchement du marché.
La mixité sociale est inexistante.
Avec une offre de logements bien en deçà des besoins et des loyers à un niveau prohibitif, un phénomène d’éloignement du centre-ville s’est développé à Nice. Paradoxalement, l’arrivée du tramway a favorisé ce phénomène en rendant possible un éloignement physique facilité par des temps de trajet optimisés. Toujours est-il que les familles ont tendance à s’éloigner du littoral au point qu’il est même possible de parler d’exode.
Cette situation conduit à renforcer la spécialisation des quartiers. Certains sont dédiés aux touristes. D’autres aux très favorisés. Certaines zones restent accessibles aux familles dont les revenus sont corrects. Mais une partie de la population, moins aisée, est renvoyée à la périphérie de la ville, voire à l’extérieur, avec un phénomène de ghettoïsation. La mixité sociale à Nice n’est qu’un mythe. La ségrégation sociale joue à plein dans notre ville.
Nice subit un phénomène de ségrégation sociale marquée, avec une spécialisation des quartiers par population qui est la conséquence de décennies de politique d’aménagement du territoire des municipalités de droite successives. Les conséquences de cette politique sont connues, avec des quartiers délaissés, la dégradation du lien social et l’absence de tranquillité publique pour leurs habitants.
II. LES CHOIX POLITIQUES D’ESTROSI ET DES DROITES NIÇOISES
Les réalités que nous venons de décrire sont le résultat direct d’une politique municipale voulue et choisie en matière de logement, et plus largement en matière d’aménagement du territoire de la ville. En témoignent la mobilisation par Estrosi de certains outils à sa main en matière de logement ou au contraire sa décision de ne pas en utiliser d’autres.
Depuis plusieurs décennies à Nice, les maires de droite successifs poursuivent la même politique, prolongée par Estrosi et qu’un Ciotti à la mairie accentuerait encore. Tout est fait pour servir une infime minorité de privilégiés et un projet économique pour la ville quasi-exclusivement basé sur le tourisme, en priorité le tourisme haut-de-gamme. Cette approche sert les intérêts d’une minorité de spéculateurs et de prédateurs, qui se construisent une rente sur le dos de la population.
L’analyse de cette politique fait émerger deux arbitrages systématiques, au détriment des besoins de l’immense majorité de la population :
• L’arbitrage en faveur des spéculateurs et des plus favorisés,
• L’arbitrage en faveur des lits touristiques au détriment des disponibilités de logement.
Un premier arbitrage en faveur des spéculateurs et des plus favorisés
À Nice, on ne construit pas pour loger, mais pour spéculer. Les projets immobiliers spéculatifs fleurissent dans de nombreux quartiers. La politique immobilière locale vise à aider ces spéculateurs : programmes haut-de-gamme, bureaux, hôtels, etc. Cette politique d’attractivité inconditionnelle est menée par les élus depuis des décennies. Elle augmente la pression et les prix du foncier.
Quand un lieu constructible est disponible, les prédateurs s’en saisissent aussitôt. La mairie ne préempte que très rarement, alors qu’elle en a le droit et qu’elle dispose à la fois des outils et des budgets pour cela. Les spéculateurs immobiliers sont systématiquement privilégiés, au détriment du logement de la grande majorité des Niçois ne faisant pas partie des plus favorisés.
Pour ce qui est du détournement du parc immobilier, la municipalité estrosiste elle-même le reconnaît, même si elle présente ces spéculateurs comme des investisseurs : « Les locations sont de plus en plus proposées par des loueurs au profil d’investisseur qui louent leur logement en moyenne 208 jours par an ». « Nous y constatons que les meublés sont détenus à 70% par des investisseurs », assume le premier adjoint.
Un dirigeant du réseau MLS Côte d’Azur, plus de 500 agences, décrypte un autre aspect de cette politique : « Aujourd’hui, on est surtout sur de la rénovation des logements existants, donc sur une montée en gamme, ce qui exclut une partie de la population. » On ne saurait mieux dire.
Un second arbitrage en faveur des lits touristiques et au détriment de la population
La municipalité de droite mène une politique active en faveur des acteurs du type Airbnb. Même si elle communique sur le contraire et affiche des mesurettes peu contraignantes à leur développement au vu de ce dont témoignent les chiffres. Estrosi l’avoue lui-même, ce sont ses propres termes, en les considérant comme « des acteurs économiques majeurs en complément des hôtels ».
Un chiffre l’illustre : en 2022, seules 750 demandes d’autorisation ont été refusées par la mairie, soit à peine plus de 5 %. Cela suffit pourtant à provoquer la colère et les pressions des dirigeants de ces plateformes qui se plaignent... de la concurrence des hôtels. Mi-2023, le représentant de Airbnb reconnaissait que « Nice privilégie le tourisme au détriment du logement des habitants. » Mais c’était pour affirmer aussitôt que « Nice multiplie les projets de construction de nouveaux hôtels, alors même que le territoire est très en retard sur ses obligations de construction de logements abordables pour les habitants ». Il ajoutait « Près de 3 000 chambres d’hôtel supplémentaires devraient voir le jour d’ici à 2025, dont une partie dans le centre-ville. »
Ce sont en effet de nombreux projets où le terrain aurait pu être préempté pour y construire des logements à destination des Niçois et où ce sont des hôtels qui sont construits.
Les conséquences de ces deux arbitrages pour les Niçois
Cette politique municipale conduit, alimente et renforce la pénurie de l’offre en matière de logement. Ce sont des dizaines de milliers de ménages modestes qui auraient besoin de logements sociaux pour répondre aux besoins. Ce sont des dizaines de milliers d’autres Niçois qui devraient pouvoir avoir accès à des offres raisonnables dans le secteur privé. Les publics en besoin sont identifiés. Non seulement aucune réponse ne leur est apportée, mais la spéculation et le tout-tourisme continuent à être encouragés par la municipalité estrosiste.
La politique de la municipalité de droite est par ailleurs complètement inadaptée à la population en termes de revenus. Elle ne prend pas en compte la dégradation de la situation économique et sociale de la population intervenue ces dernières années. En provoquant la pénurie, elle entraîne une envolée des loyers, dont elle refuse par ailleurs toute régulation, inimaginable dans sa logique libérale. Elle a également généré le niveau exorbitant des prix à l’acquisition.
Une offensive permanente contre le logement social
À l’issue de la période 2017-2019, alors que le bilan triennal SRU de Nice montrait des résultats très négatifs (29% de l’objectif atteint), la commission SRU avait recommandé un avis de carence pour la ville, non suivi par le préfet. Nice a fait l’objet d’une incompréhensible tolérance de la part de l’État. Une enquête préliminaire a d’ailleurs été ouverte au sujet de cette mansuétude en février 2022 par le Parquet national financier. Il soupçonne le maire de connivence avec l’ancien préfet qui aurait normalement dû s’assurer du règlement de la sanction pécuniaire.
Le préfet a fini par infliger une amende de 7,23 millions d’euros à la ville pour non-respect de la loi. Cette pénalité a été majorée à près de 10 millions d’euros pour la ville et au total à 16 millions d’euros pour la métropole. Ce sont les contribuables niçois qui paieront. Autre conséquence de cette décision : la municipalité a perdu son droit de préemption sur les ventes immobilières au profit du préfet. Droit qu’elle se refusait quasi-systématiquement d’exercer, alors qu’il s’agit là d’un levier essentiel de toute politique municipale du logement.
Ajoutons que même quand la municipalité en a directement la possibilité directe, elle se refuse à créer des logements sociaux : elle a vendu ces dernières années une partie du patrimoine immobilier municipal (appartements, locaux commerciaux, etc.) sans flécher ces surfaces vers du logement social.
Rendez-vous compte : pendant des années, la ville finançait plus les sports d’hiver ou la Formule 1 que le logement social !
La municipalité de droite ne respecte pas la loi. Elle est condamnée pour cela. Croyez-vous qu’elle rectifie le tir et modifie sa politique ? À la mairie, on déplore un montant « exorbitant » et « un racket de l’État ». Estrosi entre en guerre ouverte contre la loi SRU. Il publie dans un journal national le 21 février 2024 une tribune signée par 77 maires. Plutôt que de réclamer du logement social à tout prix, affirment les signataires, « il faut relancer la production de logements privés pour en faire baisser le prix », « inciter à la construction de logements intermédiaires », « lancer la reconquête des logements vacants et intensifier la réhabilitation des logements existants ». Si Estrosi avait mené une telle politique, les Niçois le sauraient.
Le représentant du Medef pour le département vient d’ailleurs à son secours. Il reconnait certes la pénurie et ses conséquences : « 80% des acteurs économiques ont été confrontés à des candidatures qui ne viennent pas et qui se désistent à cause du logement. » Il constate : « Le travailleur, lorsqu’il veut acquérir un bien ou se loger, est en concurrence avec les touristes, les résidences secondaires, les investisseurs locatifs et les plateformes diverses et variées, les retraités au pouvoir d’achat supérieur » Mais il y ajoute : « le logement social qui est prioritaire », affirmant vouloir « faire tomber le dogme de la loi SRU qui n’est plus adaptée et met des contraintes administratives, fiscales et réglementaires qui ne répondent pas au problème du logement ». Jolie manipulation d’Estrosi et de ses soutiens qui tentent d’expliquer la situation actuelle par une loi SRU... qui n’est pas mise en œuvre à Nice.
Le bilan triennal 2020-2022 a confirmé une carence significative, avec un taux de réalisation de seulement 13,49% de l’objectif fixé par l’État, soit 1 488 logements pour la période.
Les effets à Nice en matière de logement de la seule « loi du marché » encouragée et accompagnée par Estrosi sont tellement catastrophiques qu’il faudrait faire sauter la contrainte que représente dans cette logique libérale la loi SRU, au demeurant non appliquée à Nice, et aller encore plus loin dans la spéculation.
Une communication mensongère
Année après année, tous les chiffres montrent une aggravation de la situation du logement pour les Niçois. Croyez-vous que nos élus de droite l’admettent ? Ce serait reconnaître soit leur incompétence (« Nous avons essayé mais nous n’avons pas réussi »), soit le choix d’une politique en matière d’immobilier qui organise cette situation, ce qui est effectivement le cas.
Et c’est là qu’une communication travestissant la réalité, rejetant la responsabilité sur d’autres et affirmant des soi-disant progrès se met en place. La politique de la MNCA en matière d’aménagement et de politique de l’habitat et du logement « prendrait désormais une nouvelle ampleur » avec la mise en œuvre accélérée du Logement d’Abord. L’ADIL (Agence Départementale d’Information sur le Logement) affirme quant à elle que la vacance de logements à Nice serait principalement due aux successions et indivisions qui perdurent. Les freins au logement social seraient la rareté et la cherté du foncier liées à l’attractivité du territoire (qui l’organise ?) et aux contraintes environnementales. Mi-2023, les bailleurs sociaux présents dans la Métropole de Nice signent hypocritement une charte visant à lutter contre l’envolée des prix du foncier et à favoriser l’accès au logement. Les déclarations du maire et de son équipe sur la limitation des logements saisonniers se multiplient. Mais tout cela pour quels résultats ?
Le programme local de l’habitat adopté la Métropole Nice Côte d’Azur adopté en novembre 2024 est affiché comme « ambitieux et innovant » alors qu’il ne respecte même pas les préconisations de la Chambre régionale des comptes, pourtant peu ambitieuses.
Et quand le plafonnement des loyers qui a démontré son impact à Paris, Lyon ou Lille est mis sur la table, que croyez-vous qu’Estrosi réponde (décembre 2023) ? « J’ai demandé un rapport sur la question. »
En arrière-plan de cette politique, une représentation rance des Niçois
Personne ne trouvera nulle trace dans l’expression de la municipalité de la prise en compte des difficultés rencontrées à Nice en matière de logement par une grande majorité de la population. Au point que dans le dernier débat d’orientations budgétaires de la Métropole, le logement a été oublié des priorités. Faut-il mépriser les Niçois pour ne pas entendre, prendre en compte et traiter une situation nulle part ailleurs exacerbée à ce point. Faut-il avoir envie de servir les plus puissants, les spéculateurs et les prédateurs de tous poils.
Là où la municipalité se déchaîne, notamment en matière de logement, c’est quand il s’agit au contraire des plus défavorisés. « Salauds de pauvres » affirmait Jean Gabin dans La traversée de Paris. Estrosi s’enorgueillit par exemple des expulsions qu’il organise : « J’ai réussi à obtenir, grâce à un partenariat avec le parquet, que sur les logements sociaux que nous contrôlons avec notre office HLM sur les deux dernières années, 150 familles soient expulsées. » Quand un membre d’une famille est condamné, c’est toute la famille qui est sanctionnée par une expulsion. La Ligue des Droits de l’Homme ou encore Habitat et Citoyenneté, dénoncent une « punition collective » infligée aux familles dont un seul membre aurait commis un délit.
Toutes les organisations intervenant sur le terrain dénoncent par ailleurs à Nice une singulière appréciation par la municipalité du respect des droits fondamentaux des personnes sans abri sur le territoire. Avec ses « arrêtés anti-mendicité », la ville stigmatise et punit ceux qui sont en partie les victimes de sa politique en matière de logement.
Estrosi s’inscrit dans la filiation directe de la droite en matière de logement. Tapez dans un moteur de recherche « Logement - Les services de l'État dans les Alpes-Maritimes », vous tomberez directement sur deux rubriques : « SOS impayés de loyers » et « Les étapes de la procédure d'expulsion ». On ne saurait être plus clair.
Les réalités du logement à Nice correspondent à des choix dans l’utilisation de l’espace au service d’un projet. Celui de la municipalité actuelle est caractérisé par le fait de privilégier les populations les plus aisées, la priorité donnée au tourisme, et la ségrégation sociale. Un autre projet, qui viserait à la fois la diversification de l’économie locale et la réponse aux besoins des niçois dans leur diversité est possible. Il générerait une tout autre politique du logement.